Varroa destructeur, pour une lutte efficace
Samedi 22 septembre 2018, les apiculteurs ont rendez-vous au rucher école du Potier, à Laval, avec le docteur Maud Belliard, vétérinaire à Gorron (DIE en apiculture et pathologie apicole), pour aborder les moyens de lutte contre varroa destructor, parasite arrivé en France en 1982.
Si Apis cerana, abeille du sud-est asiatique s’en accommode bien, il n’en va pas de même pour Apis mellifera, la plus répandue, dans le monde. A part l’Australie et la République démocratique du Congo, ce parasite est donc présent presque partout dans le monde…
Il est aujourd’hui la première cause de mortalité hivernale. Tous les ruchers, toutes les colonies sont concernées.
Muni 4 paires de paires terminées par ventouses, il s’accroche à l’abeille avec facilité. Disposant de pièces buccales, il se nourrit de l’hémolymphe (sang) de son hôte. Avec une cuticule dont la composition est proche de celle de l’abeille, cette dernière a du mal à détecter sa présence. Enfin, il est porteur de nombreuses virus (DWV (ailes déformées), ABPV (maladie noire), KBV (virus du Cashmire), IAPV (paralysie aigue), …).
Son cycle comporte 2 phases:
- phorésie (sur le dos des abeilles):
- caché sous les écailles tout en pompant régulièrement sa nourriture (il se nourrit de l’hémolymphe, c’est à dire du sang de l’abeille);
- passe d’une abeille à l’autre et d’une ruche à l’autre;
- pendant une durée variable;
- affectionne les nourrices.
- reproduction: dans le couvain operculé, de préférence mâle:
- durée d’operculation plus longue;
- période d’attractivité plus longue;
- taille des alvéoles;
- visite plus fréquente des nourrices.
11 jours après la ponte de l’œuf par la reine, la femelle Varroa pond, à son tour, son premier œuf dans la cellule operculée, au rythme d’un tous les 30 heures, soit 8 environ jusqu’à l’émergence de la jeune abeille. Le 1° œuf étant toujours un mâle et la maturité étant atteinte en 5 à 6 jours, 2 nouvelles femelles varroas sont donc susceptibles de voir le jour, multipliant ainsi par 3 le nombre de varroas, au bout de 21 jours.
Avec le couvain de mâle, ce sont 3 nouvelles femelles qui sont donc susceptibles de voir le jour.
Le seuil de tolérance étant d’environ de 2000 varroas dans la colonie, celui-ci sera atteint plus ou moins rapidement, selon le nombre de varroas présents dans la colonie, en début d’année, mais aussi de la météo (vitesse de développement de la colonie):
- 50: juillet/août;
- 100: juin/juillet;
- 500: avril/mai.
Il est donc primordial de connaitre, à tous moments, le nombre de varroas présents dans la colonie pour savoir à quel moment le seuil critique est susceptible d’être atteint ou dépassé. Pour cela, il faut dépister tout au long de l’année…
En connaissant le nombre de parasites présents, des mesures de lutte adaptée pourront être mises en œuvre pour limiter le développement des acariens.
Des signes annonciateurs permettent de détecter la présence de varroa, comme la présence d’ailes atrophiées sur les abeilles mais aussi de couvain en mosaïque…
Mais, il en existe de moins apparents, comme une altération générale de l’immunité de l’abeille face aux virus, une réduction de son poids, de sa durée de vie et de ses capacités d’apprentissage voire une altération des capacités de navigation pour les butineuses…
Ne pas réagir à ces signes, c’est engager la survie de la colonie, mais aussi celles du rucher et de ceux situés à proximité…
Pour les abeilles d’hiver, c’est à dire celles qui naissent en septembre/octobre, c’est prendre le risque d’amputer leur durée vie de quelques semaines.
En effet, ces abeilles doivent vivre jusqu’à la première quinzaine d’avril pour permettre aux nouvelles abeilles, nées en février/mars, de prendre en charge l’ensemble des larves présentes dans la ruche, au moment de la disparition des abeilles d’hiver, c’est à dire celles nées à la fin de l’été de l’année précédente.
En effet, si ces jeunes abeilles ne sont pas suffisamment nombreuses, au moment où les abeilles d’hiver disparaissent, la colonie parait forte au début mars puis s’affaiblit régulièrement ensuite jusqu’à sa complète disparition…
Le comptage, et les traitements éventuels qui en découlent, doivent donc être réalisés selon un calendrier donné.
Outre les diverses méthodes de comptage, cette formation a également permis d’aborder les différentes méthodes de lutte contre le varroas, qu’elles soient à base de médicaments, d’huiles essentielles ou de formes alternatives (conduite d’élevage, biotechnique, physique, …
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A lire sur le site du CARI: ActuaApi65, Varroase, « Un autre regard ».